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Comprendre l'accord Mercosur-UE

Après 25 ans de négociations, un accord commercial a été conclu le 6 décembre 2024 entre l'Union européenne et les États du MERCOSUR. Cet accord de libre échange n’a été validé que très récemment, le 3 septembre 2025, par la Commission européenne. Il est cependant contesté par plusieurs pays d’Europe, dont la France. Vous souhaitez savoir pourquoi, et en comprendre les principaux enjeux ? Cet article vous donne les clés.

Qu'est-ce que l'accord Mercosur-UE ?

L’accord Mercosur-UE est un traité commercial et politique négocié entre deux ensembles régionaux majeurs : d’un côté, l’Union européenne (UE) et, de l’autre, le Mercosur, qui regroupe cinq pays d’Amérique du Sud — l’Argentine, le Brésil, le Paraguay,  l’Uruguay et la Bolivie. Cet accord vise à créer l’un des plus vastes espaces de libre-échange au monde, couvrant plus de 750 millions de consommateurs.

Son objectif principal est de faciliter les échanges en réduisant les barrières tarifaires et en simplifiant les normes techniques. Concrètement, cela signifie que les entreprises européennes devraient avoir un meilleur accès au marché sud-américain pour leurs produits industriels, pharmaceutiques ou automobiles, tandis que les pays du Mercosur bénéficieraient d’un accès privilégié au marché européen pour leurs produits agricoles et agroalimentaires.

Au-delà du commerce, l’accord prévoit également des dispositions liées au développement durable, à la protection de l’environnement et au respect des normes sociales. Cependant, c’est précisément sur ces points que l’accord suscite des débats : ses détracteurs craignent un affaiblissement des standards environnementaux, notamment en matière de déforestation en Amazonie, tandis que ses partisans mettent en avant une opportunité économique et stratégique majeure dans un contexte de concurrence mondiale accrue.

Contenu de l'accord commercial Mercorsur-UE

L’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur repose sur un ensemble de mesures destinées à favoriser la libéralisation des échanges entre les deux blocs. Il constitue l’un des volets centraux de l’accord global et couvre plusieurs domaines stratégiques.

Réduction des barrières tarifaires

L’une des principales avancées concerne la suppression progressive des droits de douane sur une large gamme de produits. L’UE prévoit par exemple d’éliminer ses droits sur 92 % des importations en provenance du Mercosur, tandis que ce dernier supprimera les droits de douane sur environ 91 % des importations européennes. Cette ouverture vise à dynamiser les flux commerciaux, notamment pour les biens industriels européens (automobiles, machines, produits chimiques, médicaments), qui pourront entrer plus facilement sur les marchés sud-américains.

Accès accru aux marchés agricoles

En contrepartie, les pays du Mercosur bénéficieront d’un meilleur accès au marché européen pour leurs produits agricoles et agroalimentaires. L’accord prévoit par exemple des quotas préférentiels pour la viande bovine, la volaille, le sucre ou encore l’éthanol. Ce volet est l’un des plus sensibles, car il met en concurrence des filières agricoles européennes avec des producteurs sud-américains souvent soumis à des coûts de production plus bas.

Normes et développement durable

Le texte intègre également un chapitre consacré au développement durable. Il engage les parties à respecter les accords internationaux sur le climat, dont l’Accord de Paris, ainsi que les normes de l’Organisation internationale du travail (OIT). L’idée est de garantir que la libéralisation du commerce ne se fasse pas au détriment de la protection de l’environnement ou des droits sociaux.

Services, marchés publics et propriété intellectuelle

Au-delà des biens, l’accord ouvre aussi de nouvelles opportunités dans les services (télécommunications, transport maritime, services financiers) et facilite l’accès réciproque aux marchés publics. Enfin, il prévoit une meilleure protection des indications géographiques européennes, permettant de protéger des produits emblématiques comme le Roquefort, le Champagne ou le Prosciutto di Parma sur les marchés sud-américains.

Quels sont les enjeux économiques de l'accord Mercosur-UE ?

L’accord Mercosur-UE représente un levier stratégique majeur pour les deux blocs, avec des implications économiques profondes.

Un marché d’une ampleur inédite

Avec plus de 750 millions de consommateurs, cet accord donnerait naissance à l’un des plus vastes espaces de libre-échange au monde. Pour l’Union européenne, il s’agit d’un accès privilégié à un marché en forte croissance, notamment dans des secteurs où la demande sud-américaine est en plein essor : automobile, pharmaceutique, énergies renouvelables ou encore biens de consommation. Pour le Mercosur, l’enjeu est de mieux intégrer ses économies dans le commerce international et de diversifier ses partenariats, aujourd’hui très tournés vers la Chine et les États-Unis.

Des gains attendus pour les entreprises

Selon les estimations de la Commission européenne, la suppression des droits de douane pourrait permettre aux entreprises européennes d’économiser plusieurs milliards d’euros par an. Les exportateurs de l’UE, en particulier dans l’industrie, verraient leurs produits devenir plus compétitifs face aux concurrents asiatiques et nord-américains. Du côté du Mercosur, l’accès facilité au marché européen pourrait stimuler les exportations agricoles et renforcer la position de la région comme fournisseur clé de produits alimentaires.

Un outil de compétitivité mondiale

Dans un contexte de rivalité accrue sur la scène internationale, cet accord représente aussi un moyen de renforcer le poids économique et géopolitique des deux blocs. Pour l’Europe, il s’agit de sécuriser des approvisionnements stratégiques (notamment en matières premières agricoles et énergétiques) et de consolider son rôle d’acteur majeur du commerce mondial. Pour le Mercosur, l’enjeu est d’attirer davantage d’investissements étrangers et de moderniser ses infrastructures, tout en stimulant la croissance économique régionale.

Des déséquilibres potentiels

Toutefois, ces perspectives économiques positives s’accompagnent de risques. Les agriculteurs européens redoutent une concurrence accrue de produits sud-américains moins coûteux et ne respectant pas les mêmes obligations sanitaires et environnementales. Par ailleurs, certains industriels du Mercosur craignent d’être fragilisés par l’arrivée massive de produits européens plus performants. Les bénéfices pourraient donc être inégalement répartis, accentuant les tensions entre les filières gagnantes et celles plus exposées à la concurrence internationale.

Un accord Mercosur -UE encore débattu

Malgré son ambition et son potentiel économique, l’accord Mercosur-UE reste au cœur de nombreux débats. Les positions divergent fortement selon les acteurs économiques, politiques et sociaux, ce qui explique qu’il n’ait pas encore été pleinement ratifié.

De nombreuses institutions européennes, ainsi que les grandes fédérations industrielles, défendent cet accord comme une chance historique pour l’économie. Pour elles, il représente un moyen d’offrir aux entreprises européennes un accès élargi à un marché sud-américain dynamique et en croissance, tout en permettant aux pays du Mercosur de diversifier leurs débouchés. Les gouvernements favorables à l’accord soulignent également son intérêt géopolitique : renforcer les liens entre l’Europe et l’Amérique du Sud permettrait de

En parallèle, l’accord suscite une forte opposition. En Europe, plusieurs filières agricoles dénoncent un risque de concurrence déloyale face à des produits sud-américains produits à moindre coût, parfois selon des standards sanitaires ou environnementaux différents. Des ONG et certains États membres, comme la France, expriment leurs inquiétudes quant à l’impact de l’accord sur la déforestation en Amazonie et sur le respect des engagements climatiques. Du côté du Mercosur, certains secteurs industriels redoutent une inondation du marché local par des produits européens plus compétitifs, ce qui pourrait fragiliser des économies encore inégalement développées.

Perspectives pour le commerce international

L’accord Mercosur-UE illustre à quel point le commerce international se situe aujourd’hui à la croisée des chemins. D’un côté, les États et les blocs régionaux cherchent à renforcer leurs échanges afin de stimuler la croissance et de peser davantage dans la mondialisation. De l’autre, les préoccupations environnementales, sociales et sanitaires imposent de nouvelles exigences, qui obligent à repenser les règles du jeu.

À l’avenir, les accords commerciaux devront intégrer de façon plus ferme les objectifs de développement durable, afin de concilier compétitivité économique et responsabilité sociale. Le débat autour de l’accord Mercosur-UE montre que les citoyens comme les gouvernements attendent désormais des partenariats équilibrés, où les enjeux climatiques, sociaux et agricoles ne sont pas relégués au second plan. Dans un contexte de rivalité géopolitique accrue, des négociations bien menées pourraient également servir de leviers stratégiques pour renforcer les alliances et sécuriser des approvisionnements essentiels.

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L’EDC offre également d’autres cursus adaptés aux ambitions professionnelles variées. Le Bachelor en Management constitue une excellente porte d’entrée vers les fondamentaux du business. L’Executive MBA s’adresse aux professionnels souhaitant donner une nouvelle dimension à leur carrière grâce à une vision stratégique et internationale du management.

La ratification du pacte UE-Mercosur envoie un signal fort : l'Europe reste ouverte aux affaires, avec un partenaire engagé en faveur d'un système commercial fondé sur des règles, le respect du développement durable et des valeurs communes, tout en favorisant le progrès économique et en approfondissant le marché intérieur de l'Amérique latine.  La question reste de savoir si tout le monde en sortira gagnant.

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