La post-adoption d’un système d’information (SI) est un sujet important. En effet, le succès d’un SI d’une manière générale et d’un réseau social numérique d’une manière spécifique, ne dépend pas uniquement de l’intention d’adoption de ce type d’outil mais dépend également de la volonté de continuer à l’utiliser. Nous avons assisté ces dernières décennies à des investissements de plus en plus conséquents de la part des entreprises dans des systèmes d’information et autres outils de communication, investissements qui s’avèrent être parfois non fructueux. Ce constat est notamment dû au fait que les outils mis en place ne sont pas utilisés comme souhaité et ce, pour des raisons diverses et variées, notamment la croyance qui stipule que la mise en place est l’unique phase importante dans l’intégration d’un système d’information alors que des travaux de recherche divers ont démontré l’importance de la phae de post-adoption de ces outils.
Notre recherche s’inscrit dans le cadre de ce champ de recherche qui est la post-adoption des systèmes d’information et plus spécifiquement la continuité d’usage des réseaux sociaux numériques. Nous nous intéressons dans le cadre de notre article, à la continuité d’usage du réseau social Facebook.
Pour ce faire, nous utilisons des données et techniques de recherche mixtes, avec une approche Glasérienne de la théorie enracinée. Nous définissons et modélisons, avec l’aide de nos données qualitatives, les composantes du triptyque du don au sein des réseaux sociaux ; ces composantes expliquent la durabilité des liens sociaux médiatés. Nous ajoutons ensuite une tranche de données quantitatives afin d’éclairer la relation entre la boucle du don et la continuité d’usage de Facebook. En effet, l’analyse de nos données, nous a permis de mettre en lumière l’existence d’une boucle du don au sein des réseaux sociaux numériques, boucle qui assure la pérennité du lien social médiaté (virtuel, réel ou un mélange des deux) mais garantie également la continuité d’usage du réseau social.
Nous avons également constaté que que donner et recevoir dans le cadre des réseaux sociaux numériques se manifestaient à travers deux volets : l’information et l’attention. Des échelles de mesure issues de la littérature nous ont permis de construire nos propres échelles de mesure et d’être capable de conceptualiser et de mesurer les variables : donner de l’information, donner de l’attention, recevoir de l’information, recevoir de l’attention ainsi que le don réciproque (donner du soutien). Ces nouvelles variables ont permis de démontrer que cette boucle du don renforçait le lien social médiaté, qui une fois renforcé amenait les individus à utiliser dans la continuité le réseau social Facebook. Ce résultat nous a ainsi permis d’enrichir la littérature existante sur les modèles de post-adoption et de continuité d’usage d’une technologie ou d’un système d’information en proposant une nouvelle perspective.
Tel que prôné par le sociologue des organisations Norbert Alter, le don est présent dans notre quotidien mais également au sein des organisations. En effet, nous donnons de notre temps, de notre énergie, nous offrons notre aide, etc. à une personne qui nous est importante en vue de maintenir ou de renforcer un lien social. Ceci est bien entendu valable dans le cas où le don est libre et non contraint par un lien contractuel ou hiérarchique. Bien entendu, le triptyque du don développé par Mauss n’explique que partiellement le phénomène que nous investiguons, qui est la continuité d’usage des réseaux sociaux numériques. D’autres variables pourraient rentrer en jeu notamment dans les entreprises comme par exemple, les dynamiques de pouvoir et de hiérarchie. Les recherches futures permettraient d’identifier ces variables et de vérifier si cette dynamique de don continue d’être pertinente dans un contexte organisationnel pour expliquer la continuité d’usage des réseaux sociaux d’entreprise.
